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Gestion durable du bois dans l’industrie de la construction

Gestion durable du bois dans l’industrie de la construction

Gestion durable du bois dans l’industrie de la construction

Le bois au cœur de la transition durable

Matériau ancestral, le bois occupe aujourd’hui une position stratégique dans la recherche de solutions de construction bas carbone. Utilisé depuis des millénaires, il revient en force dans le secteur du bâtiment, dopé par une volonté collective de limiter les émissions et d’améliorer la performance énergétique des infrastructures. Mais peut-on réellement parler de solution durable, si la gestion de cette ressource n’est pas, elle aussi, à la hauteur des enjeux climatiques et environnementaux ?

Dans cet article, je vous propose d’examiner les enjeux et les leviers d’une gestion durable du bois dans l’industrie de la construction. Nous verrons pourquoi tout commence bien avant la mise en chantier, et pourquoi les choix opérés dès l’amont de la chaîne font toute la différence.

Pourquoi le bois a-t-il regagné en popularité ?

Avant de parler de durabilité, un mot sur l’essor du bois dans les constructions neuves. Plusieurs facteurs expliquent ce regain d’intérêt :

Mais ce tableau ne serait pas complet sans évoquer le revers de la médaille : la pression croissante sur les forêts, les importations lointaines, et parfois, un manque de traçabilité. La gestion durable n’est donc pas une option : elle est la condition sine qua non pour inscrire l’usage du bois dans une trajectoire vertueuse.

Qu’entend-on par gestion durable du bois ?

La gestion durable du bois repose sur une idée simple : utiliser les ressources forestières sans compromettre leur renouvellement naturel ni affecter les écosystèmes associés. Dans le contexte du bâtiment, cela implique une vigilance accrue sur l’origine, la transformation et la mise en œuvre du matériau.

Plus précisément, une approche durable du bois dans la construction repose sur trois piliers :

Labels et certifications : à quoi se fier ?

Lorsque l’on parle de bois durable, les certifications jouent un rôle central. Elles permettent d’identifier les produits issus de forêts gérées selon des principes écologiques, sociaux et économiques équilibrés. Les deux principales certifications internationales sont :

En Europe, on trouve également des labels plus techniques comme le Bois des Alpes ou le Bois Suisse, qui valorisent les circuits courts et les ressources régionales. Ces initiatives méritent d’être saluées, car elles limitent les transports et soutiennent l’économie forestière locale.

De la forêt au chantier : les maillons d’une filière vertueuse

La durabilité du bois ne se limite pas au moment de l’abattage. Elle s’étend à toute la chaîne de valeur. Voici les principales étapes à considérer :

En tant qu’ingénieurs, architectes ou maîtres d’ouvrage, nous avons un rôle clé à jouer pour favoriser cette chaîne vertueuse. Adopter une démarche de projet cohérente et informée permet de faire émerger de réels impacts.

Quelques exemples inspirants de construction bois durable

Impossible de parler du sujet sans illustrer les bonnes pratiques par des projets qui font référence. Voici trois cas concrets qui démontrent que durabilité et performance ne sont pas incompatibles :

Ces exemples montrent qu’à toutes les échelles – du bâtiment individuel à l’équipement public – des solutions techniques et durables existent déjà. Et elles sont loin d’être anecdotiques : elles préfigurent un véritable changement de paradigme.

Économie circulaire et fin de vie des matériaux bois

Construire en bois, c’est aussi penser à l’après. Trop souvent, les matériaux en fin de vie finissent brûlés ou enfouis, alors qu’ils pourraient connaître une nouvelle vie. Le réemploi, encore trop marginal aujourd’hui, constitue l’un des axes de progrès majeurs.

Voici quelques pistes concrètes :

En Suisse comme ailleurs, quelques bureaux d’études et de conception commencent déjà à intégrer ces paramètres dans leurs appels d’offres ou leurs itinéraires techniques. Cependant, la massification du réemploi du bois reste à construire… une brique à la fois.

Et le CO₂ dans tout ça ?

Le bois est qualifié de « puits carbone », car il capte et stocke du CO₂ pendant sa croissance. Une fois coupé, transformé puis intégré à un bâtiment, ce carbone reste piégé jusqu’à la fin de vie du matériau. C’est ce que l’on appelle le stockage biogénique.

Mais attention : le bois ne devient un matériau bénéfique pour le climat que sous certaines conditions :

Autrement dit, ce n’est pas parce qu’un bâtiment est en bois qu’il est automatiquement écologique. Ce n’est qu’en maîtrisant toute la chaîne de production que ce potentiel peut être pleinement exploité.

Vers une filière bois plus résiliente et responsable

Le bois a incontestablement un rôle stratégique à jouer dans la décennie à venir. Mais pour qu’il le joue correctement, il doit sortir de la logique extractiviste et entrer pleinement dans une dynamique de régénération. Nous sommes nombreux – professionnels du bâtiment, architectes, ingénieurs, urbanistes – à croire à l’avènement d’une filière ancrée dans le respect du vivant et dans les territoires.

Et au fond, le bois nous l’enseigne lui-même : c’est en enracinant les bonnes pratiques que l’on fait pousser des projets durables.

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